L’Italie s’ouvre au marché obligataire chinois et se rapproche de Pékin
Le président chinois, Xi Jinping, s’est rendu à Rome vendredi 22 mars afin de signer plusieurs accords avec le gouvernement italien, dans le cadre de la Nouvelle route de la soie.
Ce vaste programme d’investissement continental aura trouvé, dans la péninsule, une légitimation qui lui faisait défaut jusqu’alors. Le gouvernement Salvini, en faisant de l’Italie le premier pays du G7 à accepter l’idée d’emprunter sur le marché obligataire chinois, a pris une décision historique.
L’Italie devient l’outsider eurasiatique de la géoéconomie européenne
La Bank of China et la Cassa Depositi e Prestiti (CDP), la banque publique italienne, ont signé un protocole permettant à cette dernière de lancer un programme d’emprunt Panda, qui autorise les investisseurs chinois à acheter de la dette étrangère. Par ce moyen, les entreprises italiennes pourront faire co-financer leurs investissements en Chine. La CDP a annoncé qu’elle émettrait des obligations d’une valeur de 5 milliards de renminbi (744,5 millions de dollars). Or, l’ouverture du marché obligatoire chinois, évalué à 12.000 milliards de dollars, fait intégralement partie de la stratégie d’internationalisation du yuan mise en place par Pékin.
Aussi, Rome soutient désormais officiellement le projet chinois de Nouvelle route de la soie, et donc le pivot eurasiatique que pourraient prendre, demain, les échanges économiques mondiaux. La Chine, qui a elle-aussi besoin de nouveaux débouchés étrangers pour son économie, pourrait alors favoriser l’Italie et en faire sa « plateforme » d’entrée en Europe.
Le mémorandum signé entre les deux pays prévoit un approfondissement de leur coopération économique dans les secteurs du gaz, de la métallurgie, de la construction, de l’électronique, des produits financiers, de l’énergie et du tourisme ; mais aussi des investissements chinois dans les ports de Trieste et de Gênes, pressentis comme les future plaques-tournantes maritimes de la Chine en Europe.
Le rapprochement sino-italien inquiète l’Union Européenne et les Etats-Unis
Alors que la Commission européenne a déclaré, le 12 mars dernier, que la Chine constituait un « rival systémique » pour l’UE, les choix économiques de Rome sont aussi perçus comme des choix géopolitiques. Washington était même allé jusqu’à dénoncer le « vaniteux projet chinois ». Maja Kocijancic, porte-parole de la diplomatie européenne, avait quant à elle défendu la nécessité d’une « unité totale » des membres de l’UE vis-à-vis de la Chine.
De la même façon, le Conseil de sécurité national des Etats-Unis avait, lors de l’annonce de la signature prochaine du protocole, protesté contre ce rapprochement : Garret Marquis, qui travaille comme porte-parole à la Maison Blanche, avait explicitement demandé à Rome de ne pas légitimer la Nouvelle route de la soie, annonçant que la réputation du pays en serait « ternie à long terme ».
Face à ces mises en garde, Luigi di Maio, Ministre du Développement économique du gouvernement Salvini, avait cru bon de rappeler, lors d’un entretien télévisé pour France 2, que l’Italie restait l’alliée des Etats-Unis, membre de l’UE et membre de l’Otan.
Qui est Michele Geraci, le « Monsieur Chine » du Ministère du Développement économique ?
Sous-secrétaire au développement économique, Michele Geraci défend fermement le nouveau prisme chinois du gouvernement italien et est l’un des artisans du protocole.
Chef d’une « task force Chine » au sein du ministère, il anime un blog d’information au sein duquel il exprime de nettes inclinations pour un rapprochement avec Pékin afin de relancer l’économie italienne. Il avait par exemple sous-entendu que la Chine pourrait participer au sauvetage de la première compagnie aérienne du pays, Alitalia, placée sous administration spéciale depuis 2017.
L’implication de Michele Geraci dans les accords sino-italiens et sa présence au sein du gouvernement de la péninsule a de quoi inquiéter notamment les Etats-Unis. Economiste et professeur de finance de 2008 à 2018 en Chine, il avait avant cela travaillé pendant 17 ans dans le secteur des télécommunications. D’abord au sein du groupe britannique BT, comme manager. Puis, sa carrière l’a amené à devenir banquier d’affaires pour les anglais Schroders et Pali International, la Bank of America, Donaldson, puis les américains Lufkin & Jenrette (DLJ) et Merrill Lynch, toujours dans la branche de recherche en télécommunication. Il intervient régulièrement dans les médias chinois et anglo-saxons.
Geraci possède ainsi à la fois une grande expertise financière dans le domaine des télécoms et une fine connaissance de l’économie chinoise et de ses acteurs. Il est, de même, totalement inséré au sein du réseau universitaire chinois et de la sphère médiatique.
Alors que les Etats-Unis mènent une grande offensive mondiale pour contrer la percée de la technologie de Huawei parmi ses alliés européens, la sinophilie affirmée de Michele Geraci pourrait leur porter préjudice. Ce dernier avait, à ce sujet, affirmé que la question n’était pas d’accepter ou non de travailler avec Huawei, mais d’autoriser ou non les fournisseurs de télécommunications étrangers. Cette question soulève des divergences y compris au sein du gouvernement, Matteo Salvini s’étant déclaré prudent quant au déploiement de la 5G chinoise en Italie.
L’Italie devient l’outsider eurasiatique de la géoéconomie européenne
La Bank of China et la Cassa Depositi e Prestiti (CDP), la banque publique italienne, ont signé un protocole permettant à cette dernière de lancer un programme d’emprunt Panda, qui autorise les investisseurs chinois à acheter de la dette étrangère. Par ce moyen, les entreprises italiennes pourront faire co-financer leurs investissements en Chine. La CDP a annoncé qu’elle émettrait des obligations d’une valeur de 5 milliards de renminbi (744,5 millions de dollars). Or, l’ouverture du marché obligatoire chinois, évalué à 12.000 milliards de dollars, fait intégralement partie de la stratégie d’internationalisation du yuan mise en place par Pékin.
Aussi, Rome soutient désormais officiellement le projet chinois de Nouvelle route de la soie, et donc le pivot eurasiatique que pourraient prendre, demain, les échanges économiques mondiaux. La Chine, qui a elle-aussi besoin de nouveaux débouchés étrangers pour son économie, pourrait alors favoriser l’Italie et en faire sa « plateforme » d’entrée en Europe.
Le mémorandum signé entre les deux pays prévoit un approfondissement de leur coopération économique dans les secteurs du gaz, de la métallurgie, de la construction, de l’électronique, des produits financiers, de l’énergie et du tourisme ; mais aussi des investissements chinois dans les ports de Trieste et de Gênes, pressentis comme les future plaques-tournantes maritimes de la Chine en Europe.
Le rapprochement sino-italien inquiète l’Union Européenne et les Etats-Unis
Alors que la Commission européenne a déclaré, le 12 mars dernier, que la Chine constituait un « rival systémique » pour l’UE, les choix économiques de Rome sont aussi perçus comme des choix géopolitiques. Washington était même allé jusqu’à dénoncer le « vaniteux projet chinois ». Maja Kocijancic, porte-parole de la diplomatie européenne, avait quant à elle défendu la nécessité d’une « unité totale » des membres de l’UE vis-à-vis de la Chine.
De la même façon, le Conseil de sécurité national des Etats-Unis avait, lors de l’annonce de la signature prochaine du protocole, protesté contre ce rapprochement : Garret Marquis, qui travaille comme porte-parole à la Maison Blanche, avait explicitement demandé à Rome de ne pas légitimer la Nouvelle route de la soie, annonçant que la réputation du pays en serait « ternie à long terme ».
Face à ces mises en garde, Luigi di Maio, Ministre du Développement économique du gouvernement Salvini, avait cru bon de rappeler, lors d’un entretien télévisé pour France 2, que l’Italie restait l’alliée des Etats-Unis, membre de l’UE et membre de l’Otan.
Qui est Michele Geraci, le « Monsieur Chine » du Ministère du Développement économique ?
Sous-secrétaire au développement économique, Michele Geraci défend fermement le nouveau prisme chinois du gouvernement italien et est l’un des artisans du protocole.
Chef d’une « task force Chine » au sein du ministère, il anime un blog d’information au sein duquel il exprime de nettes inclinations pour un rapprochement avec Pékin afin de relancer l’économie italienne. Il avait par exemple sous-entendu que la Chine pourrait participer au sauvetage de la première compagnie aérienne du pays, Alitalia, placée sous administration spéciale depuis 2017.
L’implication de Michele Geraci dans les accords sino-italiens et sa présence au sein du gouvernement de la péninsule a de quoi inquiéter notamment les Etats-Unis. Economiste et professeur de finance de 2008 à 2018 en Chine, il avait avant cela travaillé pendant 17 ans dans le secteur des télécommunications. D’abord au sein du groupe britannique BT, comme manager. Puis, sa carrière l’a amené à devenir banquier d’affaires pour les anglais Schroders et Pali International, la Bank of America, Donaldson, puis les américains Lufkin & Jenrette (DLJ) et Merrill Lynch, toujours dans la branche de recherche en télécommunication. Il intervient régulièrement dans les médias chinois et anglo-saxons.
Geraci possède ainsi à la fois une grande expertise financière dans le domaine des télécoms et une fine connaissance de l’économie chinoise et de ses acteurs. Il est, de même, totalement inséré au sein du réseau universitaire chinois et de la sphère médiatique.Alors que les Etats-Unis mènent une grande offensive mondiale pour contrer la percée de la technologie de Huawei parmi ses alliés européens, la sinophilie affirmée de Michele Geraci pourrait leur porter préjudice. Ce dernier avait, à ce sujet, affirmé que la question n’était pas d’accepter ou non de travailler avec Huawei, mais d’autoriser ou non les fournisseurs de télécommunications étrangers. Cette question soulève des divergences y compris au sein du gouvernement, Matteo Salvini s’étant déclaré prudent quant au déploiement de la 5G chinoise en Italie.
Face aux protestations de ses alliés, l’Italie a remis à plus tard la signature d’une vingtaine de traités. Toutefois, la volonté de se rapprocher de la Chine et d’assurer une place à l’Italie au sein de la Nouvelle route de la soie pourrait entrainer, à l’avenir, de nouvelles tensions au sein des pays occidentaux.
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